L’effet pervers du coût des GLP-1

Les traitements par agonistes des récepteurs GLP-1 (glucagon-like peptide-1) ont révolutionné la prise en charge de l’obésité et du diabète de type 2, offrant des perspectives de perte de poids significative en agissant directement sur les mécanismes de la satiété et du métabolisme. Cependant, le coût prohibitif de ces médicaments génère un effet pervers inattendu : la volonté de maigrir le plus rapidement possible pour limiter la durée du traitement. Cette pression financière peut entraîner des comportements préjudiciables et compromettre les bénéfices à long terme.

La tentation d’une perte de poids rapide

Combien de fois je lis ce commentaire : « je n’ai que 3 mois de traitement car je n’ai financièrement pas la possibilisé de le prendre plus longtemps, combien puis perde svp! comment faire pour que ca aille le plus vite ? »

C’est le constat de cette pratique du « vite pour moins payer » . ce qui nous amène a cette réflexion : comment agir pour un changement ?

Le coût des GLP-1 : un frein à la continuité des soins

En Belgique et en France, les médicaments GLP-1 ne bénéficient d’aucun remboursement en dehors des indications liées au diabète de type 2. Pour une personne non diabétique cherchant une prise en charge de l’obésité, le coût mensuel peut atteindre plusieurs centaines d’euros. Cette réalité financière pousse de nombreux patients à envisager le traitement comme une solution temporaire, cherchant à obtenir des résultats maximaux en un minimum de temps.

Les conséquences d’une perte de poids précipitée

La volonté d’accélérer la perte de poids pour abaisser les coûts entraîne plusieurs risques :

  1. Absence de changements durables du mode de vie :  Une perte de poids trop rapide sans intégration de ces nouvelles habitudes augmente le risque de reprise de poids après l’arrêt du traitement.
  2. Pression psychologique accrue : Le coût élevé alimente une pression constante sur les patients, qui peuvent se sentir obligés de restreindre drastiquement leur alimentation ou de multiplier les efforts physiques pour accélérer les résultats, au risque d’entraîner des troubles du comportement alimentaire.
  3. Impact sur les mécanismes biologiques : Un amaigrissement soudain et massif risque de provoquer une perte de masse musculaire et des carences nutritionnelles.

Le coût d’une prise en charge pluridisciplinaire

L’obésité nécessite une prise en charge pluridisciplinaire pour être efficacement traitée. Cela inclut des consultations avec des médecins spécialisés (généralistes, endocrinologues, nutritionnistes), des psychologues, des diététiciens, des kinésithérapeutes, etc. Cependant, le coût d’une telle prise en charge, en particulier dans les contextes où ces soins ne sont pas bien remboursés, reste un obstacle majeur pour beaucoup de patients. Ces soins sont essentiels pour un accompagnement durable et personnalisé, mais leur coût total est souvent prohibitif, ce qui empêche de nombreux patients de bénéficier d’une prise en charge optimale.

Le manque de formation dans la prise en charge de l’obésité

L’un des principaux défis également réside également dans le manque de professionnels formés spécifiquement à la prise en charge de l’obésité. Pendant des décennies on a identifié l’obésité comme un problème de mode de vie uniquement. Aujourd’hui on se rend compte que c’est une véritable maladie biologique également.

Si l’obésité est reconnue comme une maladie chronique, elle n’est cependant pas toujours abordée avec la même rigueur que d’autres pathologies chroniques.

Peu de médecins, paramédicaux ou thérapeutes sont formés pour gérer cette condition de manière globale et pluridisciplinaire. Cela conduit à une prise en charge parfois incomplète et décevante pour le patient. Elle ne calque pas a ses besoins et qui ne tient pas compte de tous les aspects du trouble : les facteurs biologiques, psychologiques, sociaux et comportementaux.

L’importance d’une prise en charge globale et progressive

Pour maximiser les bénéfices des GLP-1, il est crucial de considérer ces traitements dans le cadre d’un accompagnement médical pluridisciplinaire intégrant :

  • Un suivi nutritionnel personnalisé pour instaurer des habitudes alimentaires durables.
  • Un soutien psychologique afin de désamorcer la pression financière et l’anxiété qu’elle génère.
  • Un encadrement médical pour adapter les doses et suivre les réponses métaboliques.

Vers une prise en charge plus accessible

Le coût des GLP-1 ne devrait pas déterminer la durée du traitement. Plaider pour une reconnaissance de l’obésité comme maladie chronique, avec un accès facilité aux traitements, permettrait de réduire cette course à l’amaigrissement rapide. Il est urgent de mettre en place des stratégies de remboursement partiel ou total afin de garantir une prise en charge à long terme, centrée sur la santé et le bien-être durable.

En somme, l’objectif d’un traitement par GLP-1 ne doit pas se limiter à la rapidité des résultats, mais viser une perte de poids progressive, durable et encadrée. Il est temps de reconsidérer les modèles d’accès à ces traitements pour qu’ils servent pleinement leur vocation : aider les patients à retrouver un équilibre métabolique et une qualité de vie améliorée.

 

admin
Author: admin