L’industrie pharmaceutique est aujourd’hui confrontée à un défi majeur : répondre à la demande croissante pour les hormones GLP-1, essentielles dans le traitement du diabète de type 2 et de l’obésité. Depuis deux ans, les promesses de résolution de la pénurie de GLP-1 se succèdent, mais sans aboutir. Malgré des investissements massifs, ces traitements restent difficilement accessibles, notamment sous leur forme la plus attendue, Wegovy.
L’Émergence de Mounjaro et les Défis du Marché
En Belgique, l’arrivée prochaine de Mounjaro, un médicament de Eli Lilly, est perçue comme une lueur d’espoir. Prévue pour la fin de l’année, (source Test Achat ) cette nouvelle option thérapeutique sera disponible à la fois pour les diabétiques et les patients souffrant d’obésité, avec une autorisation de mise sur le marché (AMM) spécifique. Ce lancement pourrait apaiser les débats autour du mésusage des GLP-1, souvent relayés dans les médias.
Aux États-Unis, la situation est encore plus critique. Près de 93 millions d’Américains sont éligibles au traitement pour l’obésité, mais la pénurie a conduit les autorités à mettre les GPL1 sur la liste des pénuries. Les pharmacies américaines sont désormais donc autorisées à produire du sémaglutide, principe actif de ces traitements, en contournant le brevet de Novo Nordisk, afin de pallier le manque de disponibilité. Eli Lilly, de son côté, assure avoir suffisamment de stocks pour Mounjaro, ce qui pourrait permettre à la FDA de retirer sous peu le produit de la liste des substances manquantes.
La Préparation Magistrale : Une Réponse Possible ?
En Europe, la réglementation autour de la préparation magistrale varie d’un pays à l’autre, malgré des appels à une harmonisation des pratiques au niveau européen. En Belgique, plusieurs questions demeurent : en cas de pénurie, les pharmaciens sont-ils autorisés à produire ces médicaments ? Ont-ils les compétences et les matières premières nécessaires ?
La préparation magistrale pourrait offrir une solution temporaire, mais elle n’est envisageable que tant que la pénurie persiste. En effet, la production de ces médicaments reste soumise à des restrictions strictes, notamment en raison de la protection par brevet.
Les Avantages et les Risques de la Préparation Magistrale
Aux États-Unis, la préparation de médicaments dits « compounded » est autorisée et présente plusieurs avantages, dont celui de permettre l’accès à des traitements en cas de pénurie.
Un autre avantage notable est le coût : un stylo injectable mensuel de GLP-1 peut coûter plus de 1 000 $ aux États-Unis, un prix prohibitif pour de nombreux patients non assurés. Le programme Medicare, conçu pour réduire les inégalités d’accès aux soins, ne rembourse pas les médicaments liés à l’obésité. Toutefois, l’approbation de Wegovy pour une nouvelle indication cardiovasculaire pourrait ouvrir la voie à une couverture partielle pour les patients combinant obésité et problèmes cardiovasculaires ce qui représente quand même 7% des patients obèses inscrit a Médicare. (source : KFF.org/ )
Les assurances privées quand à elles remboursents dans la plupart des cas les médications anti-obésité.
Néanmoins, les préparations magistrales ne sont pas sans risques. La qualité des « dupes » pharmaceutiques semble globalement acceptable, mais le mode d’administration via des flacons pose problème. L’autoadministration par seringue est plus complexe que l’utilisation des stylos injectables, augmentant ainsi le risque d’erreurs de dosage. (sources : FDA )
Conclusion : Vers une Gestion Holistique de la Pénurie
Les hormones GLP-1 sont devenues des traitements incontournables pour diverses pathologies, mais leur coût élevé et leur disponibilité limitée posent un véritable problème d’accessibilité et d’équité pour les patients. Face à la pénurie, la préparation magistrale pourrait constituer une alternative, mais elle nécessite un encadrement rigoureux pour garantir la sécurité des patients.
Enfin, il est crucial de ne pas perdre de vue la nécessité d’une prise en charge globale et holistique des patients sous traitement GLP-1, afin de maximiser les bénéfices tout en minimisant les risques. L’accès équitable à ces traitements, couplé à un suivi médical adapté, doit rester au cœur des préoccupations des autorités sanitaires.
Pascale B pour Vox obésity